Parce qu’il est important de regarder en arrière pour mieux aller de l’avant, on commence 2017 avec un retour sur nos 10 moments mode les plus marquants de 2016!
1) Ceux à qui on a dit adieu
Bill Cunningham
Je n’ai pas besoin de vous dire que la mort qui m’a le plus affectée cette année a été celle de Bill Cunningham (je lui avais d’ailleurs dédié un article au lendemain de son décès). Le photographe était une véritable institution de la mode New Yorkaise, tout en étant un être complètement à part. Nullement intéressé par l’argent ou la célébrité, il était plutôt guidé par sa passion pour la beauté… qui le poussait à grimper sur son vélo et sillonner les rues de la ville à la recherche des meilleurs looks tous les matins, jusqu’à l’âge de 87 ans. New York ne sera plus jamais la même sans lui.
Franca Sozzani
Franca Sozzani nous a quittés en toute fin d’année et il s’agit d’une énorme perte pour l’industrie de la mode. Celle qui était à la tête du Vogue Italia depuis 1988 a livré une tonne d’éditoriaux tout aussi créatifs qu’intelligents. Elle était reconnue pour ses prises de position progressistes et son désir de pousser le public à réfléchir sur des sujets controversés. La mode était pour elle une plateforme pour discuter de problèmes beaucoup plus importants. En juillet 2008, elle produit le ‘Black Issue’ mettant en vedette uniquement des mannequins noirs afin d’encourager la discussion sur la diversité dans l’industrie de la mode. En août 2010, une séance photo mettant en lumière les marées de pétrole et les problèmes de pollution occupe 24 pages du magazine. L’année suivante (août 2011), trois sublimes mannequins taille-plus font la couverture du magazine en lingerie (bien avant la folie Ashley Graham) et, en avril 2014, Franca Sozzani décide de confronter la violence domestique à travers un éditorial qui a fait couler beaucoup d’encre. Sa grande connaissance de la mode et son désir de toujours pousser plus loin la discussion vont nous manquer.
photos : vogue.it
Sonia Rykiel
Née en 1930 à Paris, Sonia Rykiel a créé son premier pull en 1960 alors qu’elle était enceinte et qu’elle ne trouvait plus de vêtements à son goût. Huit ans plus tard, elle ouvre sa première boutique à Saint-Germain-Des-Près et fait partie intégrante du paysage mode français depuis. À cette époque, le Women’s Wear Daily la consacre comme la « reine du tricot dans le monde »… et elle l’est encore un peu aujourd’hui.
David Bowie
David Bowie n’était pas un acteur de l’industrie de la mode en soi, mais il l’a tellement influencée, que sa perte est également importante à ce niveau. Dans ses concerts et ses vidéos, l’image et les costumes de l’artiste étaient toujours avant-gardistes, traversant styles, époques et continents. Comment oublier ses combinaisons androgynes pour Ziggy Stardust, ses incroyables costumes dessinés par son ami Kansai Yamamoto, ses complets colorés inspirés par les années 40 ou la fameuse redingote Union Jack dessinée par Alexander McQueen, un designer émergent à l’époque. David Bowie l’a souvent répété, il était « mad about clothes » et c’est une des raisons pourquoi on était « mad about him ».
2) Le défilé Chanel à Cuba
Chanel a choisi La Havane pour son défilé croisière. La maison française à pris d’assaut les rues de la capitale cubaine pour présenter ses looks sur le légendaire Paseo del Prado. Alors que le parterre était rempli de 400 invités triés sur le volet, les Cubains se rassemblaient sur les balcons afin d’apercevoir tout ce luxe. Le défilé était accompagné de groupes de musiciens cubains ajoutant un côté authentique à la présentation. Bien que le défilé était magnifique, on ne peut s’empêcher de ressentir un certain inconfort devant ces centaines des célébrités et personnalités du milieu de la mode se pavanant dans des vêtements que très (très) peu de Cubains pourraient se permettre d’acheter (la marque n’est d’ailleurs pas vendue à Cuba). Chanel a aussi utilisé certains emblèmes cubains, tels que le béret du Ché (avec une broche Chanel remplaçant l’étoile) et des t-shirts arborant des phrases comme « Viva Coco Cuba Libre » qui ont fait froncer quelques sourcils. Personnellement, on se serait passé de ces appropriations, mais on retient ces images de bonheur dans le magnifique paysage de La Havane.
photos : Chanel & vogue.com
3) La première collection de Maria Grazia Chiuri chez Dior
En septembre 2016, Maria Grazia Chiuri présentait son défilé inaugural chez Dior. La première femme à la tête de la maison française nous a impressionnés avec sa collection féminine et féérique. On a particulièrement adoré le t-shirt sur lequel il était inscrit « We Should All be Feminists », une phrase toute simple qui donnait le ton à son arrivée. Sa collection printemps-été 2017 respectait l’essence de la maison Dior, tout en ayant ce côté un peu plus romantique auquel elle nous avait habitués pendant les sept années passées à la tête de Valentino avec son partenaire Pierpaolo Piccioli. Avant que Maria Grazia Chiuri n’accepte le poste chez Dior, le duo de créateurs travaillait ensemble depuis plus de 20 ans! Pierpaolo Piccioli est toujours directeur artistique chez Valentino.
photos : vogue.com
4) Fendi fête ses 90 ans en grand
Fendi, la marque italienne fondée par Adele Casagrande et Eduardo Fendi en 1926, fêtait ses 90 ans en 2016. Pour l’occasion, les designers Karl Lagerfeld et Silvia Venturini Fendi ont décidé de transformer la Fontaine de Trévi en passerelle. Deux ans plus tôt, la maison reconnue pour son savoir-faire avec la fourrure et le cuir avait financé la restauration du chef-d’oeuvre baroque datant du 18e siècle. Le défilé-anniversaire était donc une superbe façon de célébrer le lien qui les unissaient dorénavant. L’immense piste de verre placée sur la fontaine donnait l’impression que les mannequins marchaient directement sur l’eau. De la pure magie!
photos : dailymail.co.uk & vogue.com
5) La transformation mode de Céline Dion
L’année 2016 a été une année marquante pour Céline Dion. Son nouveau styliste, Law Roach, a complètement transformé le style vestimentaire de la chanteuse en insufflant une bonne dose d’audace à ses looks. À 48 ans, elle semble également vouloir conquérir le monde de la mode. En juillet dernier, elle était d’ailleurs aux premiers rangs de plusieurs défilés haute couture. Depuis, ses looks signés Gucci, Versace, Balmain et Fendi font couler beaucoup d’encre seulement parce qu’elle n’a pas peur d’oser… On a pu la voir portant une mini jupe agencée à un chemisier jaune (Gucci), un pantalon de cuir au défilé Dior, un manteau à imprimé géométrique (Fendi), une robe jaune fluo (Balenciaga) avec des cuissardes et une combi-pantalon mélangeant les imprimés et les couleurs (Versace). Chez FashionIsEverywhere, on adore son nouveau style!
photos: instyle.com, harpersbazaar.com, elle.com, puretrends.com, dailymail.co.uk, public.fr, gotceleb.comm
6) Le défilé Louis Vuitton au Brésil
Chanel et Fendi ne sont pas les seules maisons à avoir présenté des défilés spectaculaires en 2016. Louis Vuitton est allé jusqu’à Rio de Janeiro pour transformer le Musée d’Art Contemporain de Niteroi en passerelle. Pour Nicolas Ghesquière, présenter une collection dans une architecture aussi spectaculaire permettait une expérience sensorielle hors du commun. La collection croisière, avec ses couleurs vibrantes, ses volants et ses imprimés inspirés du soccer, était un superbe hommage au Brésil.
photos: vogue.com, nytimes.com
7) Dolce & Gabbana et les Hijabs
Dolce & Gabbana cible ses clientes du Moyen-Orient en créant une collection mettant en vedette Hijabs et Abayas. Les pièces sont certes plus sobres, mais respirent autant le luxe que la collection originale. Considérant le rôle de plus en plus important que joue la clientèle moyen-orientale dans l’industrie de la mode, il s’agit d’un excellent pas vers l’avant pour Dolce & Gabbana. Bien qu’il s’agisse avant tout d’un choix économique, on aime l’initiative. Autre nouvelle significative à cet égard… Condé Nast a lancé son Vogue Arabia version numérique en 2016, et le magazine papier est prévu pour 2017.
photos: tomandlorenzo.com
8) Le coeur d’Hedi Slimane
L’histoire d’amour entre Hedi Slimane et Saint Laurent s’est terminée en 2016. Même si la séparation a été houleuse, le créateur controversé a su laisser sa marque jusqu’au bout. Malgré toutes les critiques sur sa personnalité effacée, son goût pour les mannequins trop maigres et le fait qu’il ait enlevé le « Yves » de la marque (j’étais la première à ne pas du tout apprécier), on ne peut ignorer son impact incroyable. Pendant son passage chez Saint Laurent, le chiffre d’affaire a doublé et la clientèle a considérablement rajeuni… et c’est peut-être l’élément le plus important, car ce nouveau public est officiellement accro! Pour son dernier défilé en mars, il a offert une collection qui rendait hommage au grand Yves Saint Laurent des années 80, non seulement dans les vêtements, mais aussi dans la présentation. Le défilé était présenté comme les grandes marques le faisaient à l’époque, dans la maison de couture même et en annonçant chaque look par un numéro! Hedi Slimane a clos sa présentation avec un énorme coeur rouge en fourrure, qui est devenue LA pièce de la saison sur la planète mode. Quand on sait que le coeur était le motif préféré d’Yves Saint Laurent, on peut peut-être y voir une réponse à ceux qui critiquaient son soit-disant rejet de l’esprit de la maison YSL.
photos: vogue.com, wmagazine.com, fashionista.com (Christian Vierig)
9) Mode & politique
Inutile de vous dire que la dernière campagne électorale américaine a soulevé beaucoup de controverses, mais il est intéressant de souligner l’impact de la mode dans la campagne 2016. Alors qu’Hillary Clinton a poursuivi son histoire d’amour avec les tailleurs-pantalon (ce qui a inspiré Beyonce), certaines célébrités ont clairement pris position avec leurs vêtements. Katy Perry et Lena Dunham en sont les meilleurs exemples… en plus de son t-shirt « Hillary Clinton is a badass », Katy Perry a porté un manteau Prabal Gurung sur lequel on pouvait lire « I’m with Madam President » lors d’un rallye à Philadelphie. Lena Dunham a aussi donné pour la cause en portant au moins quatre looks montrant ses couleurs.
Trois designers américains ont participé à la création d’une collection de t-shirts unisexes. La collection « Made for History » a été créée dans le cadre de la campagne d’Hillary Clinton afin de permettre aux électeurs de montrer leur soutien à la candidate. Marc Jacobs, Tory Burch et Public School ont signé les trois t-shirts, que plusieurs célébrités ont portés avec fierté!
photos: telegraph.co.uk, dailymail.co.uk, nbcnews.com, elle.com, popsugar.com, billboard.com, mirror.co.uk, thechronicleherald.ca, nytimes.com, people.com
Du côté du clan Trump, il y a eu moins de bruits (tout comme de votes) mais Melania Trump a quand même fait parler d’elle en portant une blouse Gucci à lavallière, qu’on appelle « pussy bow » en anglais. Était-ce intentionnel pour montrer son soutien (ou son désaccord) à son mari, comme certains le prétendent? Laissez-nous en douter. Quoi qu’il en soit, la première dame a porté cette blouse après que les commentaires vulgaires de son mari ne soient rendus publics… et ce n’était pas le meilleur choix.
10) L’apogée des influenceurs?
« With great power, comes great responsability. » En 2016, les influenceurs se sont encore plus imposés comme une force sur la planète mode, il était donc à prévoir que leurs actions soient davantage régulées. Aux États-Unis, le FTC (Federal Trade Comission) a mis à jour ses règles visant le marketing d’influence. L’influenceur doit maintenant divulguer que son contenu a été commandité en l’inscrivant de manière claire (en début de billet pour un article web / avec des hashtags clairs sur les réseaux sociaux). Au Canada les Normes canadiennes de la publicité (NCP) ont établi de nouvelles lignes directrices sur la divulgation du contenu commandité, qui entreront en vigueur début 2017. Contrairement à la FTC, le NCP est un organisme d’autoréglementation et non une agence gouvernementale, ils ne peuvent donc pas infliger d’amendes.
Ceci étant dit, il est dans l’intérêt de tous (entreprises, influenceurs et, surtout, consommateurs) d’annoncer de manière claire toute commandite d’un produit ou d’un service. Je crois qu’il est tout à fait possible de produire du contenu authentique lorsqu’on est commandité pour le faire, mais cela implique, à mon avis, d’avoir un véritable intérêt pour la marque ou une véritable envie de la découvrir et de la faire découvrir. Le respect de ces « règles » devraient normalement apporter des collaborations à plus long terme entre entreprises et influenceurs, au lieu de promotion de type « one shot deal » sur Instagram… ce qui sera bénéfique pour les lecteurs qui perdent parfois confiance à force de voir des nouveaux produits pref’ tous les jours sur leurs comptes Instagram favoris.
Sur ce, on vous souhaite la bienvenue sur le nouveau Fashion Is Everywhere!
Lolitta & Lauriane xx