Voilà déjà quatre mois que je suis au pays! « Time flies », c’est bien vrai. Il est donc plus que temps de vous donner des nouvelles d’outre-Atlantique!
J’aimerais vous raconter comme je suis tombée en amour d’une ville: Montréal…
La première chose qui m’a fait craquer ? Le ciel de Montréal. Comme dans beaucoup de love stories, je passe de l’amour à la haine. Le ciel d’hiver de Montréal est si puissant qu’il tient tout le monde en haleine… nous coincera-t-il à la maison pendant trois jours ? Vais-je pouvoir lâcher mon étouffante doudoune, ne serait-ce que pour une journée ? Et il a bien plus à offrir que le ciel bruxellois… J’ai découvert qu’il n’y avait pas qu’une seule neige. Il y a la neige qui recouvre tout Montréal de son manteau blanc et lui donne des airs de paradis. Il y a celle qui tombe en flocon, mais vient s’écraser en grosse goutte dans ton cou. Il y a celle qui refuse d’atterrir et tourbillonne dans le vent t’empêchant d’avancer. Il y a celle qui semble propulsée du ciel et te fait mal au crâne quand elle vient s’y écraser. Ma préférée? Celle dont les légers, bien que gros, flocons virevoltent doucement avant de se poser. Et quand le ciel de Montréal décide de laisser le soleil briller, ce n’est pas à moitié. Même à -20 degrés, pas un nuage ne vient troubler le tableau.
Ensuite ce sont les rues de Montréal qui ont eu raison de moi. Il y a toujours quelque chose pour accrocher le regard, une adorable petite maison, un graffiti improbable, un théâtre qui paraît sorti des sixties, un live café, un artiste de rue…
Mais ce qui a définitivement fait chavirer mon coeur c’est mon «Auberge espagnole». J’avais pour habitude de rire devant les clichés de la vie Erasmus, mais je me suis fait avoir… Nous sommes 9 à partager deux appartements et formons une jolie et joyeuse famille dysfonctionnelle. C’est toujours bien bruyant entre le rire de Jonny, les sons espagnols de Lola et Julia, la guitare de Paul, le rap de Medy, les débats que Romane lance et les feedback de nos 9 journées. L’appartement n’est pas très beau, il est vieux et sale, la cuisine, qui est le seul espace commun, est miniature, mais je l’aime comme il est. Mon endroit préféré: le toit qui donne une vue incroyable sur le coucher de soleil et sur tous les toits du plateau.
Je ne pense malheureusement pas que cette histoire d’amour soit vraiment réciproque… Les Québécois semblent encore un peu frileux à mon égard, voir hostiles. J’ai eu de la peine à me faire traiter de « maudite Française » ou de « sale Française de marde ». Mais je ne perds pas espoir, l’hiver doit être long pour tout le monde, j’arriverai à séduire les Montréalais (je l’espère du moins).
Je m’excuse, je ne vous parle que d’amour… Mais, j’ai une autre histoire d’amour, ou plutôt d’amitié, à vous raconter. Je ne croyais pas qu’il était possible d’avoir un coup de foudre en amitié, du genre après une heure tu le sais : cette fille sera dans ma vie jusqu’au bout. Hé beeeeeen, j’ai vécu deux coups de foudre amicaux le même soir ! Il y a quelques mois était organisée une soirée « brise-glace » par l’université. Je n’étais pas vraiment tentée, mais je n’avais pas encore assez d’amis ici pour me permettre de ne pas y aller. J’ai donc pris mon courage à deux mains et j’ai traversé une tempête de neige pour me rendre dans le pub où se déroulait la soirée.
Évidemment j’arrive en retard… les groupes sont déjà formés, il y a un brouhaha énorme, les gens rigolent. Mais moi j’ai de nouveau 5 ans et vais me planquer aux toilettes pour appeler mes copines à Bruxelles: je flippe. Heureusement mes copines m’encouragent et je finis par aller me chercher une bière… je vais essayer. Je me donne le temps de finir ma bière et si je n’ai aucune accroche d’ici-là, je prends la porte. Pour couper court au supplice je descends ma bière en trois minutes et enfile direct mon manteau. Mais là une fille m’interpelle par un « hey, t’es toute seule? ». Je réponds un « ouiiiiiiii » désespéré. Elle s’appelle Gwenaëlle, elle me présente une fille qu’elle a rencontrée dans la journée, Adèle. Une heure plus tard on rit déjà comme des folles et prévoyons de nous revoir le lendemain. Aujourd’hui, rien n’a changé. Nous faisons mille plans pour le futur, au Canada mais aussi à Bruxelles, en Bretagne, à Paris. J’ai trouvé mes alliées pour cette aventure et ne les changerais pour rien au monde!
Voilà, après quatre mois le bilan est plus que bon. Je dois admettre que le mythe de l’hiver canadien qui n’en finit jamais (et du printemps qui peine à s’installer) est vérifié. J’ai parfois le mal du pays en voyant les photos de mes copains, une bière à la main, sur mes terrasses préférées de Bruxelles. Mais le 1er mai est à notre porte… et avec lui, l’espoir de voir les beaux jours arriver!
Je vous embrasse fort les copains, miss you much
Manon