Tous les ans, la même peur m’envahit… Et si le docteur devait m’annoncer que le cancer est revenu! Comment est-ce que je réagirais? Est-ce que c’est plus facile à entendre la deuxième fois?
Je sais que ça ne sert à rien d’y penser à l’avance, mais c’est impossible, j’ai essayé… Et plus je m’approche de ma mammographie annuelle, qui est cet après-midi, plus je me fais des scénarios d’horreur.
J’ai eu l’occasion de vous le dire à quelques reprises, l’expérience du cancer du sein a changé beaucoup de choses dans ma vie… pour le mieux. Je suis plus heureuse, plus consciente de la valeur de la vie, plus active et beaucoup moins stressée. Côté professionnel, le cancer m’a donné des ailes. J’ai quitté mon emploi pour lancer mon propre blogue et je n’ai jamais regardé derrière… Aujourd’hui, ça fait presque trois ans que FashionIsEverywhere existe et je suis fière de ce que j’ai accompli.
Ce que je ne vous ai pas dit, par contre, c’est qu’avant d’en arriver à toutes ces belles réalisations, j’ai vécu les pires moments. À la base, mon docteur m’avait prescrit 6 séances de chimiothérapie, mais après trois, j’étais tellement malade et dépressive qu’il a révisé son plan de traitements parce qu’il avait peur que je me « jette par la fenêtre » (ce sont les mots qu’il a utilisés). Je ne sais pas si j’aurais fait ça, mais je peux vous dire que pendant cette période, je n’aimais plus vivre. Je ne parlais plus, je ne souriais plus et je m’habillais de la même façon à tous les jours (ça peut sembler banal, mais pour moi c’était vraiment impensable). J’avais aussi perdu 20 livres et je passais mes journées à pleurer et à attendre la nuit pour pouvoir dormir et oublier ma vie.
J’ai passé 4 mois comme ça, obnubilée par l’idée que j’allais mourir… et à faire tellement de peine à ma famille.
Heureusement, j’avais une psychologue exceptionnelle qui m’a référée à un psychiatre extraordinaire. À cette époque, je prenais déjà des médicaments pour gérer mes crises d’anxiété, mais quand j’ai rencontré le Dr Galbaud du Fort, il m’a dit qu’il fallait qu’on arrête ces anti-anxiolitiques au plus vite et m’a prescrit des antidépresseurs. Encore une fois, ça n’a pas été facile, je vomissais tout le temps et me demandais si ça valait vraiment la peine de continuer. Mais mon docteur ne m’a pas lâchée. Tous les jours il m’appelait pour savoir comment je me sentais et me demander de lui faire confiance. Il me disait aussi de tenir bon et qu’un de ces jours j’entendrais ma voix et je me reconnaitrais à nouveau. C’est vrai que je n’étais plus du tout moi-même…
Et puis trois semaines plus tard, ce qu’il m’avait promis est arrivé! Je me suis entendue et je me suis reconnue. Je me rappellerai toujours de ce moment… j’ai appelé mon frère et je lui ai dit « Jhonny, c’est vraiment moi ». À l’autre bout de la ligne, il pleurait et me disait que tout allait s’arranger.
Il avait raison… mais sans ma famille et sans l’aide de ma psychologue et de mon psychiatre, je ne sais pas comment je m’en serais sortie.
Whoa… je viens de relire mon texte et je me demande pourquoi j’ai écrit tout ça. Dans le fond, je pense que j’ai besoin d’exprimer et de comprendre pourquoi j’ai tellement peur de mon check-up annuel, mais je veux aussi dire à tous ceux qui vivent les examens « de routine » que c’est normal d’avoir peur et de ne pas être ultra-positif. Et pendant que j’y suis, c’est tout aussi normal de ne pas être des superman et woman pendant les traitements!
J’ai toujours eu d’énormes tabous face aux antidépresseurs et ça m’a pris énormément de temps avant d’accepter d’en prendre. Un jour, mon amie Anne m’a dit « si tu te cassais une jambe, tu aurais des béquilles… les antidépresseurs c’est la même chose, des béquilles jusqu’à ce que tu n’en n’aies plus besoin » et puis j’ai vu les choses autrement. Alors si vous vous vivez une expérience difficile et que ça ne va plus, n’ayez pas peur de demander de l’aide.
Dans les derniers mois, 5 personnes que je connais ont succombé à cette affreuse maladie et c’est peut-être la source principale de ma peur. Savoir que tous les jours, peu importe notre âge, notre mode de vie, ceux qui nous aiment ou ce qu’il nous reste à accomplir, des gens meurent du cancer. Mais en leur honneur, et parce que j’ai la chance d’être encore en vie, je me dois de faire face à mon rendez-vous avec courage.
Lolitta xx