Depuis le début de la pandémie, des centaines d’entreprises de chez nous ont été contraintes de fermer leurs portes… et le milieu de la mode n’a pas été épargné! À chaque annonce, j’ai un pincement au cœur, car je pense à tous les emplois perdus et à la diminution des marques locales dans l’offre mode au Québec. Mais je dois vous avouer qu’aucune ne m’a autant affectée qu’apprendre la faillite de Le Château.
Je magasine chez Le Château depuis plus de 25 ans. La première fois que j’y ai mis les pieds, je devais avoir 14 ans, on était en pleine tendance grunge… et j’aurais voulu acheter toutes les robes en velours et les bas mi-cuisses à carreaux dans le magasin-phare sur Sainte-Catherine (juste en face de chez Ogilvy)! Alors que plusieurs de mes amies ne juraient que par Jacob ou Bedo, moi j’adorais l’originalité et l’écclectisme du Château. Étant (déjà) une grande fan de friperies, c’est clairement la boutique québécoise qui me ressemblait le plus!
Ceux d’entre vous qui associent l’entreprise montréalaise à ses robes de bals et de mariage vont être étonnés, mais avant de concentrer autant d’efforts sur la catégorie des évènements spéciaux, Le Château était non seulement avant-gardiste, mais un véritable pionnier dans le commerce de détail. Des qualités que l’on doit au fondateur Herschel Segal, qui était un fin observateur des tendances de société et qui a rapidement cerné ce que les jeunes désiraient. Dans les années 60, il importait des vêtements de France et d’Angleterre « avant même qu’ils ne soient disponibles à New York »! En 1972, il a contribué au lancement du géant de la chaussure Aldo en lui proposant un kiosque de concession dans quelques unes de ses boutiques… assez fou quand même! À la fin des années 70, Le Château comptait 10 boutiques, qui sont rapidement montées à 50 dans les années 80, une décennie très intéressante au niveau du style, comme vous pouvez le voir sur les photos de campagne ci-dessous.
Je vous ai déjà un peu parlé des années 90 et de la mode grunge, qui était au coeur des tendances quand j’ai commencé à magasiner chez Le Château… mais je veux encore noter deux choses qui démontrent bien les qualités de précurseur du fondateur. En 1990, Herschel Segal avait mandaté le designer Jean-Claude Poitras de créer une collection masculine pour Le Château. Une idée qui semble bien banale, alors que les collaborations avec designers et célébrités sont monnaie courante, mais qui était totalement novatrice il y a 30 ans. Aujourd’hui, nous sommes aussi habitués aux enseignes mode qui nous proposent de nouvelles collections toutes les deux semaines, mais à l’époque peu de commerces pouvaient se permettre un aussi important roulement. C’est d’ailleurs ce qui faisait que j’avais envie de retourner en boutique tout le temps!
Après cette petite introduction historique parcourant quelques moments-clés des 60 dernières années du Château, je veux revenir à mon histoire d’amour personnelle avec l’entreprise montréalaise… qui a commencé de façon platonique, puis s’est transformée en une relation plus solide à partir de 2010. Durant les 10 dernières années, j’ai effectivement eu la chance de collaborer des tonnes de fois avec Le Château; j’ai été ambassadrice de la marque, animé des évènements en boutique, tourné des capsules et fait des dizaines de shoots mode (incluant une reconstitution du plus beau jour de ma vie, à l’occasion du lancement de la collection mariage. J’ai aussi eu la chance de porter des robes LC pour plein d’évènements ultra glam, où j’étais bien fière de mettre de l’avant une marque de chez nous.
J’ai d’ailleurs fait un petit voyage dans le temps via mon blogue et mes réseaux sociaux afin de vous présenter quelques uns de mes looks Le Château préférés des dernières années… J’espère que ça illustrera bien cette diversité dont je vous parlais plus haut et que j’aimais tant!
MES SHOOTINGS
MES ÉVÈNEMENTS
UN SHOOT TRÈS SPÉCIAL AVEC @MLLEGERI
QUELQUES LOOKS MASCULINS… AVEC JONATHAN
ET LE FAMEUX SHOOTING MARIAGE
Avant de terminer, je dois absolument prendre le temps de saluer toutes les personnes qui vont perdre leur emploi, car à travers dix années de collaborations, j’ai eu l’occasion de les rencontrer et de mieux les connaître…que ce soit en boutique ou au bureau-chef! Je vous souhaite bonne chance pour la suite des choses et sachez que nous sommes beaucoup à être tristes de perdre une si belle entreprise de chez nous!
Lolitta xx