Avec la chronique Success Story, notre objectif est de mettre de l’avant des femmes et des hommes qu’on admire parce qu’ils se sont démarqués tout en réalisant leurs rêves. On voulait que leur histoire, et surtout leur parcours (souvent semé d’embûches) vous inspirent à réaliser vos propres rêves. Et pour être sûr que l’essence de leur message soit intacte, on a décidé de ne pas faire d’interview classique, mais de les laisser écrire leur propre histoire (tout ce qu’on fera c’est éditer leur et choisir les photos pour illustrer l’article).
Aujourd’hui, on vous présente la propriétaire de Vestibule. Non seulement parce que sa boutique a su s’imposer comme un incontournable montréalais en seulement deux ans, mais aussi parce qu’elle nous prouve qu’il ne faut pas avoir peur de changer de carrière pour vivre sa passion.
À toi Audrey Morissette….
Vestibule a toujours été une idée qui me trottait dans la tête même si c’était bien abstrait au départ. La mode et la décoration ont toujours été des passions pour moi et je me rappelle qu’au moment où je devais choisir mon programme d’études à l’université, j’avais vraiment envie d’étudier dans ces domaines, mais j’étais jeune encore, je manquais d’expérience de vie et j’avais des idées préconçues qui avaient été bien ancrées dans ma tête par mon entourage comme quoi il était bien difficile voire impossible de percer et d’avoir un bon emploi dans ces domaines.
Je me suis donc dirigée vers un domaine plus traditionnel, l’enseignement, que j’aimais aussi et pour lequel je savais exactement ce qui m’attendait à la sortie. J’ai fait le choix safe et puisque j’aime toujours faire les choses jusqu’au bout, je suis restée là-dedans. En terminant mon BAC, j’ai commencé à enseigner et bien que j’aimais ce que je faisais, je sentais que je n’étais pas passionnée. Très vite, j’ai senti que je faisais du sur place, que je n’apprenais plus rien de nouveau et je ne voulais pas devenir une personne blasée par ce qu’elle fait. Je sentais au fond de moi que j’avais vraiment besoin d’être passionnée par mon travail et que sans cela, je ne serais pas complètement heureuse…
C’est à ce moment que j’ai vraiment débuté les démarches pour ouvrir une boutique, mais je n’avais aucune expérience ni connaissance dans ce domaine-là, outre mon grand intérêt et je n’avais aucune idée de par où commencer, je n’avais jamais travaillé dans des boutiques non plus parce que j’avais oeuvré dans la restauration pendant toutes mes études. J’étais donc complètement dans le néant. Mais quand tu es vraiment motivée par un projet, tu finis toujours par trouver comment faire. Dans mon cas, cela a été aussi basique que de taper Comment ouvrir une boutique sur Google. Haha ! Quand je pense à ça, je réalise tout le chemin que j’ai parcouru et tout ce que j’ai appris depuis 3 ans!
Ensuite, les choses vont de fil en aiguille et plus tu fouilles, plus tu lis, plus tu découvres petit à petit comment les choses fonctionnent. Une de choses qui m’a beaucoup aidée aussi a été de ne pas hésiter à contacter des personnes que je ne connaissais pas, mais qui travaillaient dans le domaine. C’est souvent très étonnant de voir comme plusieurs personnes sont généreuses et acceptent de répondre à nos questions pour nous aider dans notre démarche. Je me rappelle donc qu’à l’époque, j’avais eu entre autres de l’aide de la si gentille propriétaire de la boutique Swell & Ginger à Québec qui m’avait référée à plusieurs de ses contacts. J’ai mis 8 mois entre le moment où j’ai commencé à travailler sur Vestibule et le moment où j’ai finalement ouvert les portes de ma boutique pour la première fois, le 4 mai 2014. Mon mari m’a énormément soutenue dans toute cette démarche.
Dans mon cas, il y a eu beaucoup de moments où j’ai eu envie de tout lâcher. Les choses paraissent souvent toujours très belles et parfaites de l’extérieur, mais ce n’est pas toujours la réalité. Une fois la boutique ouverte, travailler 7 jours sur 7 parce que c’est moi qui était présente en boutique pour vendre, j’avais une employée qui travaillait avec moi la fin de semaine et je prenais une journée par semaine où je n’étais pas en boutique, mais où je devais quand même travailler, que ce soit à placer des commandes, répondre à des courriels, m’occuper des réseaux sociaux, penser à des projets et des collaborations pour nous faire connaitre, etc…
Au début, tout va bien parce qu’on est super motivé et prêt à mettre les bouchées doubles pour que notre projet soit un succès, mais avec les mois qui passent, on devient de plus en plus fatigué, épuisé et on peut ainsi en arriver à se démotiver complètement et à vouloir retourner à un emploi stable, une paye stable et un horaire plus normal. Je suis toujours très franche quand je parle de ces aspects parce qu’il faut être conscient que de se partir à son compte est tout sauf facile. Quand j’ai démarré tout ça, je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait et de combien j’allais trouver les choses difficiles. Je voyais ça tout beau, je me disais que je mènerais la vie rêvée et que je serais la fille la plus heureuse du monde d’avoir enfin ma boutique…
Il y en a eu des crises de larmes, des moments de déprime, mais j’avais toujours en moi la petite flamme qui me disait que je devais continuer et que j’y arriverais. La vie à la maison aussi est toujours nécessairement affectée quand on décide de se lancer dans un pareil projet, que ce soit positivement ou négativement. Les journées où les choses allaient bien, je retournais à la maison super heureuse et de bonne humeur et j’en parlais à mon chum qui était tellement heureux pour moi, mais quand j’avais des journées difficiles, j’en lui en parlais aussi pendant des heures, ce qui fait qu’au final, tu te rends compte que ton projet prend aussi presque toute la place dans ta vie amoureuse parce que tu prends ça tellement à cœur qu’il est très difficile de décrocher et de ne pas uniquement penser ou parler de ça à tout ton entourage.
Heureusement, avec le temps, beaucoup de travail et même beaucoup d’acharnement, les choses ont commencé à tranquillement redevenir moins stressantes. Les collaborations faites ont rapporté des résultats, Vestibule a commencé à se faire connaitre, les gens ont commencé à nous suivre et à nous aimer et j’ai pu engager plus de personnel pour m’aider. Les réseaux sociaux ont joué un très grand rôle pour Vestibule et ce, depuis le tout début. C’est vraiment de cette façon que nous nous sommes faits connaitre. C’est un moyen efficace et abordable d’entrer et de rester en contact avec notre clientèle. La façon de faire de la publicité a énormément évolué au cours des dernières années. Notre génération n’achète plus ou très peu de magazines comme le faisaient nos parents, c’est vraiment sur internet que tout se passe. Il est donc primordial en tant qu’entreprise au détail d’avoir une bonne présence sur les plateformes de nos choix, que ce soit sur Facebook, Instagram, Pinterest, etc. Chaque jour, nous alimentons nos différentes plateformes avec du contenu. Nous avons aussi un blogue sur notre site web sur lequel nous pouvons partager des articles. C’est vraiment une des parties de mon travail que j’aime le plus. J’adore créer du contenu et prendre de belles photos pour partager avec notre communauté nos nouveautés en boutique, faire découvrir des créateurs d’ici et dévoiler les nouvelles tendances mode et déco.


Depuis le début aussi avec Vestibule, j’aime m’associer avec des personnalités d’ici qui aiment notre boutique et qui partagent les même valeurs que nous quant à l’importance d’encourager l’achat local et les petites entreprises de chez nous. Ces collaborations nous ont toujours apporté beaucoup de positif et nous ont permis de faire la rencontre de personnes merveilleuses et généreuses. Des personnes telles que Marilou de Trois Fois par Jour, Sarah-Jeanne Labrosse, Magalie Lépine Blondeau, Mariloup Wolfe et Bianca Gervais, pour ne nommer que celles-ci, ont toutes accepté de s’associer à nous et ont ainsi permis à des milliers de personnes de nous découvrir tout en sensibilisant les gens sur l’importance d’encourager l’achat local. Notre campagne #MonVestibule (NDLR: dont on vous avait parlé il y a près d’un an) a remporté un énorme succès. Nous nous en faisons parler chaque jour et nous en sommes très fières! Jumeler réseaux sociaux et collaborations est vraiment une recette gagnante que j’adore utiliser pour faire rayonner Vestibule.
Dans mon cas, il a été très difficile au départ de concilier amour et travail. Je suis encore jeune, mon entreprise aussi est encore jeune (Vestibule a fêté ses 2 ans en mai dernier) et il n’y a pas une journée qui passe sans que j’apprenne quelque chose de nouveau. Apprendre à concilier vie privée et vie professionnelle et à être capable de faire une coupure entre les deux constitue un gros défi pour moi. Apprendre à laisser aller, à déléguer et à accepter que tout ne sera pas toujours parfait ou comme on le voudrait est très difficile quand on a à coeur la réussite de notre projet et la satisfaction de notre clientèle, mais c’est primordial si on veut justement être en mesure d’avoir une vie équilibrée qui ne tourne pas uniquement autour de notre entreprise. Je dirais que je travaille très fort sur moi depuis quelques mois pour améliorer cet aspect, mais ça me demande encore beaucoup d’efforts, ce n’est pas quelque chose de facile à faire. Je suis maintenant enceinte de 8 mois de notre premier enfant et cela a fait en sorte que j’ai dû préparer les choses en conséquence afin que je puisse prendre un minimum de temps pour rester à la maison quand le bébé arrivera. Pour les prochains mois, je ne pourrai donc pas être présente en boutique comme je le suis depuis le début. C’est une grande source de stress pour moi, mais avec laquelle je devrai apprendre à vivre.
Finalement, le monde de l’entrepreneuriat n’est pas facile, c’est une chemin parsemé de détours et d’embûches, mais tellement motivant en même temps. Et bien qu’on puisse se sentir très seuls parfois, il faut se dire qu’il y a comme nous des centaines d’entrepreneurs qui vivent la même réalité et il peut être très aidant de s’en inspirer. D’ailleurs, il y a énormément d’entreprises et d’entrepreneurs d’ici que je suis sur les réseaux sociaux et que j’admire! Des entreprises québécoises qui font les choses à merveille et qui sont des exemples de réussite au quotidien, il y en a tellement! Pour en nommer quelques-unes, Trois Fois par Jour, Oatbox, Evive, Cook It, Sushi à la Maison, Womance, Mimi Hammer, Bon Look, L’Intervalle sont tous des sources d’inspiration pour moi. En plus de cela, il y a aussi toutes les boutiques, cafés et restaurants qui enrichissent et rendent si vivants les quartiers où ils se trouvent et dont nous partageons la même réalité qui me nourrissent aussi et qui m’inspirent! Finalement, tous les créateurs avec lesquels nous travaillons et dont nous tenons les produits chez Vestibule sont également de grandes sources d’inspiration en matière d’entrepreneuriat.
C’est vraiment le fun de voir à quel point notre génération en est une d’entrepreneurs. Je sens que nous n’avons pas peur de mettre de côté des carrières plus traditionnelles si elles ne nous rendent pas heureux pour nous lancer dans de nouvelles aventures complètement inconnues au risque de nous planter et de tout devoir recommencer, mais en apprenant chaque fois de nos erreurs et c’est beau à voir! C’est dans cet esprit que je continue de travailler sur Vestibule pour la faire grandir et je suis impatiente de voir tout le chemin que nous parcourrons au fil des années!
Audrey
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Toutes les photos proviennent du compte Instagram perso d’Audrey et de celui de @BoutiqueVestibule