Par où commencer mes éloges de « Rendez-vous gare de l’Est », la pièce de théâtre présentée à la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier?
Facile. Par l’interprétation exceptionnellement riche d’Emilie Incerti Formentini, sur qui tout le reste de ce petit bijou théâtral dépend.
Le monologue d’un peu moins d’une heure nous fait voyager dans la maniaco-dépression d’une jeune femme, au rythme de ses épisodes maniaques au débit parisien hyper rapide (je me sentais par moments comme nos amis français ou belges qui ont besoin de sous-titres pour suivre des oeuvres québécoises) et de ses moments plus dépressifs, pendant lesquels le regard fuit, les phrases restent sans fin puisqu’elles se terminent dans sa tête, dans ce monde que je l’imaginais seule à connaître.
Mais j’avais tort. Elle n’est pas si seule finalement. Car les gens qui ont vécu cette maladie, ou la dépression, ou la bipolarité, ou le burn-out, ont dit se reconnaître dans son jeu, dans ses silences, dans ses larmes… C’est ce que j’ai lu et c’est même ce qu’on m’a affirmé au sortir du théâtre. Que cette pièce faisait du bien. Que ce texte touchait et aidait.
C’est l’autre élément dont je voulais vous parler: le texte. Très recherché. Presque documentaire, mais malgré tout on ne peut plus humain. L’auteur et metteur en scène, Guillaume Vincent, était d’abord intéressé par la maladie, mais au fil de ses recherches et de ses rendez-vous (pas loin de la Gare de l’Est, à Paris) avec une jeune femme souffrant de maniaco-dépression, il s’est rendu compte que c’était elle bien plus que sa maladie qui l’intéressait. On est donc passé de discussions sur les hôpitaux et les médicaments à des discussions sur la famille, le boulot, l’amour… des thèmes qui parlent à tous, finalement.
Le nouveau visage du Denise-Pelletier
Pour ceux qui n’y sont pas allés avec leur classe au secondaire ou au cégep, sachez que le Théâtre Denise-Pelletier est un superbe théâtre à vocation scolaire dans Hochelaga-Maisonneuve.
Son nouveau directeur artistique, Claude Poissant (fondateur et ancien directeur du Théâtre PaP) fera en sorte que les amateurs de théâtre comprennent bien que cette vocation scolaire ne veut pas dire qu’on n’y jouera que de bons vieux classiques. Bien que ceux-ci soient tout à fait nécessaires, la saison nous réservera de très belles surprises contemporaines (dont je vous reparlerai, promis).
Mais c’est bien un classique de 1834, l’un des plus beau et cruel texte sur la naissance et la mort du sentiment amoureux, qui ouvrira la saison de la grande salle du TDP, le 30 septembre: « On ne badine pas avec l’amour », d’Alfred de Musset.
D’ici-là par contre, pour ne pas parler de « Rendez-vous » manqué, vous avez jusqu’au samedi 26 septembre pour aller vous faire ébranler l’âme par cette pièce et cette jeune femme forte et vulnérable… 5 soirs. Allez GO!!!
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Jonathan