Depuis que nous sommes plongés dans la crise de la COVID-19 je me demande de quelle façon je pourrais aider… puis la question des masques non médicaux a pris de l’ampleur dans les préoccupations générales! Étant donné que la confection de ces masques est étroitement liée à l’industrie de la mode, ça m’a évidemment interpellée. J’ai donc fait mes recherches, lu tout ce que je pouvais trouver à propos du port du masque, discuté avec plusieurs créateurs qui ont décidé d’en fabriquer, et je crois avoir rassemblé beaucoup d’informations utiles qui vous permettront de mieux comprendre la problématique, d’acheter ou de fabriquer votre masque, et de le porter de façon sécuritaire.
Après avoir longtemps affirmé qu’il n’était pas nécessaire pour les citoyens de porter un masque en ces temps de pandémie, les gouvernements de plusieurs pays, incluant le nôtre, se sont ravisés. L’Agence de la santé publique du Canada conseille maintenant à tous de porter un masque facial non médical en tant que mesure supplémentaire lorsque les autres mesures de distanciation sociale sont difficile à appliquer, par exemple pour prendre les transports en commun ou lorsqu’on est à l’épicerie. Les masques chirurgicaux et de type N95 doivent continuer à être réservés aux travailleurs de la santé et aux autres personnes fournissant des soins directs aux patients infectés par la COVID-19.
Mais ce changement de cap plutôt soudain, en plus de la quantité d’information parfois contradictoire qui circule à propos de la question du port du masque généralisé, ne nous rend pas la tâche facile… J’ai donc décidé d’essayer de vous aider à démêler le tout, en plus de vous diriger vers quelques créateurs locaux qui ont décidé de fabriquer des masques non-médicaux. Pour vous donner l’information la plus juste possible, je me suis entretenue avec la professeure Danielle Martin à la School of Fashion de la Ryerson University. Durant les dernières semaines, ses collègues et elle ont rassemblé et lu les recherches scientifiques sur l’efficacité des masques en tissu, notamment en cas de pandémie virale, tout en suivant les nouvelles observations et études récentes sur la COVID-19 afin de mieux comprendre comment concevoir un prototype DIY d’un masque d’appoint efficace.
Avant d’entrer dans le coeur du sujet, il est primordial de rappeler que porter un masque ne change en rien les règles de distanciation sociale et d’hygiène. En d’autres mots, on n’organise pas de soirée masquée, on ne sort pas davantage et on se lave tout autant les mains (20 secondes au moins)! Il faut savoir que l’objectif premier du masque non-médical n’est pas de se protéger soi, mais de protéger les autres, car on sait qu’il est possible d’avoir la COVID-19 sans être symptomatique. En ce sens, le masque s’apparente au masque chirurgical, puisqu’il sert à éviter d’échapper des gouttelettes de sa bouche ou de son nez sur autrui. Alors que le masque respirateur N-95, dont on entend tant parler, sert à filtrer l’air pour le personnel médical qui soignent des patients atteints de maladies graves et contagieuses, comme la malaria et la Covid-19.
Je me dois également d’insister sur les mesures à suivre lorsqu’on porte un masque non médical. Tout d’abord, il faut se laver les mains immédiatement avant de le mettre et immédiatement après l’avoir enlevé. Ensuite, il faut l’ajuster correctement en le collant bien sur son visage. Une fois ajusté, il est primordial de ne pas toucher son masque, ni son visage. Pour l’enlever, on le retire uniquement par les élastiques (ou les cordons) et on le dépose dans la laveuse (ou dans un sac jusqu’au moment où on pourra le déposer dans la laveuse.
Sur ton site web, tu proposes un patron pour un prototype de masque d’appoint DIY que chacun peut faire avec des matériaux qu’on a à la maison, comment l’as-tu conçu?
Il y a quelques semaines, j’ai longuement discuté avec deux personnes qui ont porté des masques en milieu de travail médical afin de comprendre leurs besoins, puis j’ai humblement conçu un patron. J’ai drapé, re-drapé et re-drapé à nouveau le masque sur le visage de ma fille, je l’ai essayé sur mon visage à chaque fois jusqu’à en trouver une forme qui s’apparente au masque chirurgical conventionnel, mais en considérant qu’on n’aura pas accès à la petite pièce de métal qui va au-dessus du nez pour l’ajuster. On peut le coudre à la main, ou si on a une machine à coudre, on peut l’utiliser pour le coudre plus rapidement et en faire pour soi, notre famille, nos amis et voisins.
Quelles sont les matières à privilégier pour une meilleure qualité de masque?
Les articles scientifiques se contredisent sur certains des matériaux à utiliser pour fabriquer un masque en tissu. Ce qui est constant dans les études que j’ai lues est que la fibre de coton naturelle (100% coton) est toujours appréciée et hautement recommandée pour ses propriétés d’absorption et de respirabilité. Les études consultées favorisent l’utilisation de deux épaisseurs de linge à vaisselle en coton, ou en second lieu, deux épaisseurs de tissu de taie d’oreiller en coton (idéalement en coton antibactérien). Je privilégie donc le coton tissé serré.
Quand on le porte, on devrait le garder combien de temps?
L’efficacité du masque de coton réduit considérablement dès qu’il est mouillé. Il faut donc le changer dès qu’il devient mouillé, soit à chaque 2 ou 3 heures, tout dépendant de celui qui le porte.
Et on le lave après chaque utilisation? Si oui, quelle est la meilleure façon de le laver?
Oui, il est important de laver son masque en tissu après chaque utilisation. En l’enlevant, vous le déposez dans un sac et le lavez à la fin de la journée, ou vous le lavez directement après l’avoir porté. Même si certains hôpitaux indiquent de laver son masque en tissu à 30˚C avec du détergent classique, d’autres sources indiquent de le laver au cycle le plus chaud de votre machine à laver [~60˚C] ou dans une casserole avec de l’eau bouillante claire. Éviter le javellisant dans l’eau bouillante, qui pourrait s’avérer dangereux.
NDLR : Selon l’Agence de la santé publique du Canada, on peut laver et sécher son masque avec d’autres articles.
Est-ce une bonne idée alors d’avoir plusieurs masques pour faire une rotation?
Oui, il est judicieux d’avoir plusieurs masques en tissu. Si une personne de votre foyer attrape le virus, il devra porter son masque même à l’intérieur de la maison durant de longues heures, en le changeant à plusieurs reprises durant une seule journée. De plus, ceci peut sembler évident pour certains, mais il est important de rappeler que le masque est individuel, il ne se partage avec quiconque.
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Des masques faits chez nous
Je crois Danielle Martin à 100% quand elle dit que nous sommes tous capables de fabriquer nos masques à la maison, et je vous encourage à le faire si vous le voulez, mais cette période est également l’occasion d’encourager des designers de chez nous, qui ont rapidement réagi et décidé de produire des masques destinés au grand public. Il y en a des dizaines à travers la province (dont plusieurs que je ne connais pas – alors n’hésitez pas à partager leurs noms en commentaire), mais j’ai choisi de souligner six d’entre eux, avec qui je me suis entretenue ou dont j’ai pu observer le sérieux de la démarche.
Vous verrez que ces designers ont opté pour différentes matières pour leurs masques; on retrouve le plus souvent du coton et du polyester, mais certains ont aussi choisi de travailler avec du bambou ou de la rayonne. Comme Danielle Martin le soulignait, certains articles scientifiques se contredisent à propos des matières à privilégier, je vous encourage donc fortement à continuer de lire à ce propos afin d’être à l’aise avec le produit que vous achèterez. Ce qui est certain, je le répète, c’est que Santé Canada nous conseille maintenant de porter le masque. Alors, pourquoi ne pas le faire avec style?
Composition : 100% coton biologique, extérieur et doublure. Le masque est biodégradable, étiquettes comprises (mais pas les élastiques).
À noter : Pour chaque vente, 5 $ seront versés à deux organisations à parts égales : Suicide Action Montréal et le Centre canadien de protection de l’enfance.
Je sais que beaucoup de choses ont été dites à propos de l’utilité du port du masque non médical et je suis consciente que plusieurs doutent de son efficacité (qui n’est pas, je le rappelle encore, comparable aux masques utilisés par le personnel soignant) ou n’aiment tout simplement pas l’idée d’en porter un, mais je crois sincèrement qu’on a une responsabilité citoyenne de protéger les autres et particulièrement ceux qui sont les plus vulnérables face au virus. Je porte un masque chaque fois que je vais voir ma maman pour lui porter son épicerie et j’ai l’intention de continuer à le faire tant que ça sera recommandé. Et sans doute aussi quand je serai grippée à l’avenir.
Rappelons-nous que plus vite nous aplanirons la courbe, plus vite nous pourrons retourner à nos vies normales, ou j’ose même le croire, meilleures qu’avant.