Gisèle, Le Lac des cygnes, Casse-Noisette, des noms qui vous disent assurément quelque chose. Mais si je vous dis Paquita, ne vous sentez pas coupable si vous ne connaissiez pas auparavant. C’est que ce ballet, créé pourtant en 1846 à Paris, n’a JAMAIS été dansé en Amérique du Nord!!! C’est à toute une première que nous avons droit, chers amis Montréalais… Saurez-vous en profiter?
Et ce n’est pas tout, c’est le Ballet de l’Opéra national de Paris qui vient nous le danser! Il s’agit là du berceau de la danse classique, considéré comme l’une des meilleures compagnies au monde. Rien de moins. Un livre entier suffirait à peine à vous raconter l’histoire fascinante de cette compagnie et de sa directrice de la danse, Brigitte Lefèvre.
Moi, je vous dis, je vois un film à la Violon rouge et Black Swan qui raconterait la fascinante épopée de Paquita au fil des siècles. C’est que ce ballet est pratiquement disparu des planches françaises et internationales pendant tout le 20e siècle. Si ce n’était de la Russie, qui continua à le danser jusqu’à la Révolution bolchévique et qui en fit ainsi un exemple parfait du style français exporté à l’étranger, il aurait été impossible au chorégraphe Pierre Lacotte de reconstituer en 2001 ce que vous aurez la chance de voir 4 fois encore d’ici dimanche.
Ce sont les Grands Ballets qui vont maintenant profiter de ce transfert culturel, et petite note perso, c’est tant mieux car je commence à en avoir assez d’entendre certains de mes concitoyens se plaindre que la France et les Français ne participent pas grandement à enrichir notre ville, leur ville! Allez voir ça et vous m’en reparlerez lundi, bande de…
Mais revenons-en à l’oeuvre rapidement. Un livret inspiré d’une nouvelle de Cervantes, un tragique assassinat, une sensuelle gitane, un bel aristocrate, un amour impossible, de la jalousie, de sombres complots, le tout dansé de façon très (trop?) théâtrale. C’est que parfois, après avoir lu l’argument, j’aime bien laisser mon imagination faire le reste du travail. Mais si c’est mon seul bémol, on y a bien répondu à la fin, car les meilleurs moments s’y trouvent, ils ne rajoutent pas à l’histoire, qui est déjà conclue, et ne sont que célébration, émerveillement, haute voltige, applaudissements, un peu trop d’ailleurs, on en perd parfois des bout de la merveilleuse musique de ce ballet.
« … et cependant, au moment venu, des bonds de jaguar succèdent à cette langueur voluptueuse, et prouvent que ces corps, doux comme la soie, enveloppent des muscles d’acier… » – Théophile Gautier
Je me permets d’insister, c’est une page de la belle histoire du ballet à Montréal qui s’écrit ce weekend. On en parlera encore dans des décennies, en espérant ne pas devoir attendre si longtemps avant de revoir le ballet de l’Opéra national de Paris à Montréal (la dernière fois, c’était à l’Expo 67). Un Gisele (créé par cette même compagnie historique d’ailleurs) dans 10 ans peut-être??? Croisez-vous les doigts.
Paquita, à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts de Montréal.
Vendredi 17 et samedi 18 octobre, à 20h. Et à 14h les samedi 18 et dimanche 19 octobre.
Jonathan xo
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Photos: Grands Ballets Canadiens et Opéra national de Paris